Fausse couche
Publié dans : Difficultés et maladies pendant la grossesse
20 mars 2024
La fausse couche est une interruption spontanée de grossesse qui survient au cours des 5 premiers mois. Elle se manifeste par des saignements vaginaux accompagnés de douleurs dans la partie basse du ventre. Ces symptômes doivent conduire à consulter un médecin. Dans certains cas, un traitement est nécessaire.
La fausse couche correspond à un arrêt spontané de la grossesse avant la 22ème semaine d’ (soit environ 5 mois), date de viabilité du fœtus.
La fausse couche est précoce si elle survient avant la 14ème semaine d’ (premier trimestre). C'est le cas le plus fréquent. Elle est tardive si elle a lieu entre la 14ème et la 22ème semaine d’.
Elle est le plus souvent isolée : la femme enceinte fait une seule fausse couche. C’est une situation fréquente, puisqu'elle touche environ 15 % des grossesses. En générale, les grossesses suivantes se déroulent sans difficultés.
Parfois les fausses couches se répètent : la femme de moins de 40 ans, enceinte avec le même partenaire, présente au moins 3 fausses couches spontanées consécutives avant 14 semaines d’. Ces fausses couches à répétition concerne 1,5 % des femmes.
Fausse couche isolée : un bilan médical inutile le plus souvent
Le risque de fausse-couche augmente avec l'âge : à 25 ans, il est de 12 % par cycle et de 50 % à 42 ans.
La cause d’une fausse couche isolée est rarement recherchée. Elle est due le plus souvent à une anomalie de développement du fœtus. Selon l’hypothèse la plus probable, l’ présenterait des anomalies chromosomiques qui stopperaient son développement normal et aboutiraient à son expulsion.
Fausses couches à répétition : un bilan indispensable
Un bilan médical recherche la cause de ces interruptions répétées de grossesse.
Les causes les plus fréquentes sont :
- des malformations de l'utérus : utérus cloisonné, utérus malformé chez les femmes ayant été exposées in utero au Distilbène® ... ;
- une anomalie de la cavité utérine : polypes, fibrome, synéchies utérines ou adhérences cicatricielles... ;
- des anomalies génétiques : anomalies chromosomiques du couple, de l'... ;
- des perturbations hormonales : insuffisance de sécrétion de après l', syndrome des polykystiques, hypothyroïdie, hyperthyroïdie, diabète... ;
- des anomalies de la coagulation sanguine et en particulier le syndrome des antiphospholipides (, caractérisée par la survenue de caillots de sang dans les vaisseaux, de complications de la grossesse et la présence d'anticorps appelés anticorps antiphospholipides).
Des facteurs favorisants peuvent s'ajouter : l'obésité, le tabagisme, une consommation excessive de café, d'alcool ou de drogues, une exposition à des pesticides, une anémie par carence en vitamine B9 ou B12...
La cause des fausses couches répétitives n'est pas toujours trouvée.
Qu’est–ce que le syndrome des polykystiques ?
Il s’agit d’un trouble hormonal touchant plus de 5 % des femmes en âge de procréer, et causant différents symptômes :
- kystes ovariens multiples (plus de 12 follicules de 2 à 9 mm de diamètre, sur au moins un ovaire), visibles à l'échographie ;
- et règles rares ou absentes (), voire infertilité (dans 20 à 74 % des cas) ;
- pilosité excessive liée à un taux élevé de certains androgènes (hormones mâles).
Une fausse couche se traduit par :
- des saignements vaginaux ou métrorragies. Les saignements peuvent être légers ou abondants, irréguliers ou ininterrompus, de teinte brunâtre ou rouge vif ;
- une expulsion par le vagin de tissus brunâtres ou de caillots de sang ;
- des douleurs dans le bas du dos (sensation diffuse et constante), ou au niveau de l’, ou des crampes pelviennes ressemblant aux douleurs des règles.
Un saignement par voie vaginale en début de grossesse n'annonce pas toujours une fausse couche. Un quart des femmes enceintes présentent un saignement au cours du 1er trimestre et poursuivent leur grossesse normalement. Mais si le saignement est accompagné de douleurs, il s’agit plus probablement d’une fausse couche.
Si vous présentez des symptômes vous faisant craindre une fausse couche, consultez un médecin.
Consultez en urgence si :
- vous observez des saignements vaginaux abondants ;
- vous présentez des symptômes de choc (faiblesse, étourdissements, vertiges, confusion, variations soudaines de la température (fièvre), accélération du rythme cardiaque, nausées ou vomissements).
Dans ces situations, demandez immédiatement une assistance médicale : il s’agit d’une fausse couche hémorragique qui requiert des soins urgents. Une intervention chirurgicale par aspiration endo-utérine est souvent nécessaire.
Consultez dans la journée votre médecin gynécologue si vous présentez des saignements modérés.
La grossesse extra-utérine, une urgence à différencier de la fausse couche
Lors d'une grossesse normale, l'œuf fécondé se fixe dans la cavité utérine.
Parfois, il se fixe en dehors de l’utérus (le plus souvent dans la trompe) : c’est une grossesse extra-utérine.
Des symptômes proches de ceux de la fausse couche peuvent annoncer des risques de rupture de la trompe utérine : vous ressentez des douleurs abdominales sévères et persistantes pouvant irradier dans une épaule, suivies de petits saignements vaginaux et d’un état de faiblesse.
Dans ce cas consultez en urgence : un traitement précoce avant que la trompe utérine ne soit rompue permet de la conserver.
Trajet de l' lors d'une grossesse normale
Lors d’une , l’un des 2 de la femme expulse un qui est entrainé à l’intérieur de la trompe de Fallope.
Lors de la fécondation, les spermatozoïdes entrent dans l’appareil génital féminin par le vagin, canal musculaire de quelques centimètres. Ils franchissent ensuite le col de l’utérus, couloir étroit qui relie le vagin et l’utérus. Ils traversent l’utérus, poche triangulaire à laquelle sont attachés les . Ils suivent alors l’une de ses trompes jusqu’à atteindre l’.
La fécondation, c’est-à-dire la rencontre entre un et l’, se produit dans la trompe de Fallope. L’ fécondé, appelé , poursuit le trajet le long de la trompe, jusqu’à l’utérus.
Le gynécologue vous examine. Une échographie abdomino-pelvienne est nécessaire pour analyser le contenu de l'utérus. Elle permet de diagnostiquer une grossesse intra-utérine arrêtée ou même évacuée et d'affirmer qu'il s'agit d'une fausse couche (et non d'une grossesse extra-utérine).
Parfois, un dosage sanguin de l’hormone de la grossesse (appelée HCG) est utile : un taux bas signifie que la gestation est arrêtée.
Deux situations se présentent alors :
La fausse couche a déjà eu lieu
Vous avez expulsé les tissus embryonnaires et vos saignements diminuent. L’examen clinique est normal. L’utérus est vide et ne contient aucun visible à l’échographie. Dans ce cas, votre médecin ne vous prescrit pas de traitement particulier. Il programmera éventuellement une consultation de contrôle.
La fausse couche n’est pas achevée, mais la grossesse est arrêtée
Vous saignez et éprouvez éventuellement des douleurs abdominales. L’échographie abdomino-pelvienne montre la présence d’un sans activité cardiaque dans la cavité de l’utérus. Dans certains cas, votre médecin vous propose d'attendre que la fausse couche s'achève ou vous prescrit un traitement.
Lorsque l’expulsion du fœtus et du n’est pas complète après la fausse couche, votre médecin peut :
- vous proposer d'attendre que la fausse couche s'achève naturellement ;
- vous prescrire un traitement si vous ne souhaitez pas attendre l'expulsion spontanée ou si médicalement, ce traitement est nécessaire. Il s'agit d’un traitement le plus souvent médical ou plus rarement chirurgical.
Si l' n'a pas été expulsé, votre médecin vous explique qu'il est possible d’attendre chez vous que les tissus embryonnaires soient expulsés naturellement. Cet événement se produit généralement dans un délai de quelques jours à deux semaines.
La disparition des douleurs et des saignements signale la fin de la fausse couche. Si tout se déroule normalement, une échographie abdomino-pelvienne de contrôle permet de vérifier que l’utérus est vide.
Cependant, vous devez à nouveau consulter :
- si les saignements vaginaux deviennent abondants ;
- si la douleur abdominale augmente fortement ;
- si vous avez de la fièvre.
Il arrive qu’une fausse couche spontanée tarde à s’achever naturellement. Si l’échographie après 2 semaines de saignement montre que des tissus embryonnaires persistent toujours dans l’utérus, le gynécologue vous propose un traitement médical ou chirurgical suivant votre cas.
Le médicament (le misoprostol) pris par voie orale provoque des contractions du muscle de l’utérus et une ouverture du col de l'utérus. Les effets surviennent en quelques heures. Dans un premier temps, le médicament augmente les symptômes (crampes abdominales, saignements vaginaux). Puis il provoque l’expulsion des tissus intra-utérins.
Les effets indésirables les plus fréquents sont :
- des nausées, vomissements et/ou une diarrhée ;
- de la fièvre et des frissons ;
- des saignements vaginaux pouvant durer jusqu’à 15 jours ;
- des douleurs pelviennes (contractions, crampes). Un traitement antalgique peut être nécessaire pour calmer les douleurs.
Contactez votre médecin si les effets du traitement n’ont pas commencé dans les 24 heures suivant la prise du traitement.
La persistance des douleurs pelviennes et du saignement peut être le signe d’une expulsion incomplète du contenu utérin. Dans ce cas, un recours à un traitement chirurgical de la fausse couche est proposé.
Ce traitement est proposé en cas de saignements abondants ou de troubles de la coagulation. Il est également nécessaire en cas de refus ou d'échec du traitement médical.
L’intervention consiste à introduire un petit tube dans la cavité de l’utérus, via le vagin et le col utérin. Ce tube permet d’aspirer les tissus embryonnaires. Ce traitement nécessite une anesthésie générale ou (anesthésie péri-durale), parfois locale. Il se déroule au cours d’une hospitalisation de jour.
Le traitement chirurgical de la fausse couche est semblable à celui proposé pour une interruption volontaire de grossesse.
Qu'est-ce que l’allo-immunisation rhésus ?
Les femmes de groupe sanguin rhésus négatif doivent recevoir un traitement contre l'allo-immunisation. Durant la fausse couche, des globules rouges du fœtus passent dans la circulation sanguine maternelle. Les globules blancs de la mère de rhésus négatif identifient les globules rouges du bébé, lorsqu'il est de rhésus positif, comme des cellules étrangères et fabriquent des anticorps dits « » contre ce facteur rhésus.
Lors d’une grossesse suivante, si le fœtus est de rhésus positif, il y a incompatibilité rhésus : les anticorps de la mère traversent le , passent dans la circulation sanguine du fœtus et détruisent ses globules rouges entraînant une anémie hémolytique. Les conséquences sont graves pour le fœtus.
Toutes les femmes de rhésus négatif faisant une fausse couche reçoivent un traitement pour prévenir cette réaction immunitaire. Le traitement consiste en une injection intramusculaire ou intraveineuse de sérum anti-rhésus administré juste après la fausse couche.
Si votre état de santé le nécessite, votre médecin vous prescrit un arrêt de travail pour maladie, qui dans ce cas, sera sans application du délai de carence.
Il vous est conseillé de ne pas utiliser de tampons hygiéniques après une fausse couche afin de limiter le risque infectieux et de choc toxique.
Attendez environ 2 semaines avant d'avoir des relations sexuelles.
Consultez à nouveau votre médecin si vous ressentez de la fièvre, des frissons, des saignements vaginaux abondants ou des douleurs abdominales.
Faire une fausse couche est une épreuve difficile. Si vous ressentez de la tristesse, un sentiment de vide et de culpabilité, si vous êtes déprimée, n'hésitez pas à demander un soutien psychologique : votre entourage et votre médecin peuvent vous aider.
Vous souhaitez une nouvelle grossesse : vous pouvez y penser dès que vous êtes rétablie. Prévoyez une consultation préconceptionnelle au cours de laquelle vous ferez le point sur votre santé et vos éventuelles inquiétudes.
N° d’Urgence Médicale
- Samu : 15
- Pompiers : 18
- Appel d'urgence européen : 112
Ces numéros sont gratuits et peuvent être appelés d'un téléphone fixe ou d'un téléphone mobile même bloqué ou sans crédit.
- Collège national des gynécologues et obstétriciens français (CNGOF). Les pertes de grossesse. Site internet : CNGOF. Paris ; 2014 [consulté le 7 avril 2020]
- Ploteau S, Philippe H-J, Winer N. Métrorragies du premier trimestre de la grossesse. EMC - Obstétrique 2012;7(3):1-9 [Article 5-049-D-16]
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- Haute Autorité de santé. Recommandation relative à la prise en charge à titre dérogatoire du Misoprostol dans le cadre d'une recommandation temporaire d'utilisation. Site internet : HAS. Saint Denis La Plaine (France) ; 2018 [consulté le 3 février 2023]
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