Le bilan médical de l'infertilité
Publié dans : Stérilité, infertilité
22 mai 2024
Une consultation médicale pour infertilité s'envisage, le plus souvent, lors de l'absence de grossesse au bout d'un an de rapports sexuels réguliers, avant 35 ans. Ce délai est plus court (6 mois) après 35 ans ou s'il existe des problèmes médicaux antérieurs du couple pouvant être en cause dans une baisse de la fertilité.
Une consultation médicale est conseillée lorsqu'un couple hétérosexuel n'arrive pas à concevoir un enfant après 12 mois de rapports réguliers (deux ou trois fois par semaine) aux périodes propices, en l'absence de contraception.
Cette consultation a lieu beaucoup plus tôt, souvent après 6 mois d'essais infructueux, si la femme a plus de 35 ans ou s'il existe une maladie de l'appareil génital connue ou suspectée chez l'homme ou la femme pouvant être responsable d'une baisse de la fertilité.
Cette consultation permet :
- de confirmer le diagnostic d'infertilité par son ancienneté ;
- de retrouver une cause parfois simple d'infertilité qui peut être facilement modifiée (par exemple : mauvaise connaissance des processus de la fécondation et des périodes de fécondité) ;
- d'envisager, après un examen médical du couple, les examens complémentaires nécessaires.
La consultation médicale nécessite la présence des deux membres du couple, tous deux concernés par l'exploration de l'infertilité.
En premier lieu, le médecin recherche l'existence de facteurs favorisant la baisse de fertilité féminine ou masculine :
- l'âge ;
- pour la femme : l'âge de sa puberté, la régularité des cycles menstruels (épisodes d'aménorrhée, etc.), l'existence de douleurs menstruelles, le passé gynécologique (fausses couches, IVG, syndrome des ovaires polykystiques, endométriose...), son passé médical et chirurgical pouvant avoir un impact sur la fertilité (fibrome utérin, salpingite, IST, endométriose par exemple) ;
- pour l'homme : torsion du testicule, testicule non descendu, chirurgie de hernie inguinale, IST, etc. ;
- l'existence d'une maladie chronique actuelle (diabète, ...) ;
- l'existence d'une maladie génétique ou d'une difficulté à concevoir un enfant chez des parents proches ;
- le mode de vie :
- le travail (exposition à des composés toxiques sur la reproduction, comme les solvants organiques, l'exposition à la chaleur, aux pesticides...) ;
- l'environnement (produits toxiques à proximité des lieux de vie) ;
- le tabagisme ;
- les addictions à des substances (drogues, cannabis, héroïne et alcool) ;
- la vie sexuelle : date d'arrêt de la contraception et pratiques sexuelles (fréquence et régularité des rapports sexuels, troubles de la , troubles de l'érection...)
Le médecin procède ensuite à l'examen des deux membres du couple. L'examen clinique comporte un examen général, avec mesure du poids, de la taille et de l'IMC complété d'un examen gynécologique avec frottis du col de l'utérus si nécessaire, chez la femme et d'un examen des organes génitaux chez l'homme.
Afin d'évaluer la durée, la régularité des cycles menstruels, la qualité de l' et, ainsi, de fixer les dates des examens à faire, le médecin peut demander à sa patiente de réaliser une ou plusieurs courbes de température. La courbe de température est réalisée sur une période maximale de trois mois. La femme est invitée à noter la température prise par un thermomètre médical, tous les matins avant le lever, à partir du premier jour des règles, et la reporter sur une courbe.
En général, après un examen médical, le médecin prescrit tout d'abord au couple hétérosexuel les examens les plus simples. Il peut, si nécessaire, envisager un bilan plus complet pour explorer la baisse de la fertilité.
Recherche d'une baisse de la fertilité chez la femme
La prescription médicale des examens complémentaires et leur ordre de priorité dépendent des résultats de l'examen clinique et des données de l'interrogatoire.
Prise de sang
Mesurer les taux hormonaux
Un dosage de la TSH étudie le fonctionnement de la thyroïde. Le dosage de diverses hormones (estradiol, , LH, FSH) permet de détecter certaines anomalies du fonctionnement ovarien ou de l'.
Lorsqu'une baisse de la réserve ovarienne est suspectée ou lorsqu'une assistance médicale à la procréation est envisagée, le dosage de l'hormone anti–mullérienne AMH qui est un marqueur de la réserve ovarienne en follicules est demandée.
Rechercher des maladies virales ou bactériennes
Diverses sérologies sont demandées : VIH, VHB, VHC, syphilis, rubéole, toxoplasmose, varicelle, chlamydia, etc.
Échographie abdomino-pelvienne par voie endovaginale
L'échographie abdomino-pelvienne, en général effectuée par voie endovaginale, permet d'évaluer la réserve ovarienne en follicules et de rechercher certaines causes ovariennes (kyste ovarien, syndrome des ovaires polykystiques...), utérines (fibrome, polypes, malformations...) ou une endométriose.
Hystérosalpingographie (hystérographie) et
Cet examen radiologique visualise la cavité de l'utérus et les trompes au moyen d'un produit injecté dans l'utérus. Il met en évidence des anomalies de l'utérus (fibrome, polypes, utérus cloisonné...), ou une obstruction des trompes utérines, empêchant la migration de l' dans l'utérus. Il s'effectue en première partie du cycle, après les règles.
Cet examen peut être remplacé ou complété par une qui consiste à observer l'intérieur de l'utérus au moyen d'une fibre optique introduite dans la cavité utérine.
abdomino-pelvienne
La cœlioscopie abdomino-pelvienne permet de diagnostiquer des anomalies des trompes ou des maladies pelviennes (ex : endométriose ...) et traiter certaines d’entre elles.
D'autres examens peuvent être nécessaires
Il s’agit de :
- une biopsie de l'endomètre ( interne de l'utérus) effectuée dans la seconde partie du cycle ;
- un complément de bilan hormonal (par ex dosage de la prolactine en cas de suspicion d'anomalie de l', dosage des androgènes en cas de suspicion de syndrome des ovaires polykystiques) ;
- une IRM de la région abdomino–pelvienne ;
- un caryotype, à la recherche d'une anomalie chromosomique.
Recherche d'une baisse de la fertilité chez l'homme
La prescription des examens complémentaires chez l'homme dépend des résultats de l'examen clinique et des données de l'interrogatoire.
Prise de sang pour recherche de maladies virales ou bactériennes
Diverses sérologies sont demandées : VIH, VHB, VHC, syphilis.
Spermogramme
Cet examen est indispensable car il permet d'identifier la plupart des infertilités masculines. Pratiqué en laboratoire, il consiste à recueillir du sperme par masturbation, après trois à cinq jours sans rapport sexuel afin d'obtenir un sperme riche en spermatozoïdes. Le sperme est alors examiné au microscope afin d'effectuer une numération des spermatozoïdes et d'observer leur morphologie. Un nombre insuffisant de spermatozoïdes, ou la prédominance de spermatozoïdes de morphologie anormale peut être à l'origine de la stérilité.
Le spermogramme ne doit pas être réalisé si l'homme a de la fièvre ou prend des médicaments.
En cas d'anomalie, l'examen doit être renouvelé pour confirmer, ou non, les anomalies observées.
Cet examen peut être complété par la recherche d'un germe dans le sperme (spermoculture) ou un test de migration-survie des spermatozoïdes qui calcule la proportion des spermatozoïdes encore mobiles à 24 heures.
En cas d'anomalies de ce premier bilan, d'autres examens sont prescrits
Il s'agit :
- d'un bilan plus poussé du sperme, à la recherche d'anticorps anti–spermatozoïdes ou d'anomalies de la composition du sperme ;
- d'une échographie des organes génitaux (testicules, prostate) ;
- d'un bilan hormonal (, FSH...) ;
- d'une analyse du caryotype (ensemble des chromosomes d'une cellule) lorsqu'une infertilité d'origine chromosomique est suspectée et éventuellement des tests génétiques ;
- d'une biopsie testiculaire.
Examen concernant le couple infertile : test de Hühner ou test post–coïtal
Ce test n'est pas recommandé dans le bilan initial, mais cet examen très spécialisé peut être demandé dans un deuxième temps.
L’examen consiste à prélever de la (substance transparente sécrétée au moment de l' et permettant aux spermatozoïdes de remonter dans l'utérus) au cours d'un examen gynécologique réalisé dans les six à douze heures qui suivent un rapport sexuel.
L'objectif de cet examen est de s'assurer de :
- la qualité de la de la femme,
- la présence et la mobilité des spermatozoïdes de l'homme dans celle-ci.
Il permet d’étudier l’interaction -spermatozoïdes et de rechercher des anomalies : insuffisance de la glaire et/ou du sperme, suspicion d’anomalies immunologiques en présence d’une glaire et d’un sperme normaux.
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- Société française d'endocrinologie. Infertilité du couple : conduite de la première consultation. Site internet : SFE. Paris ; 2020 [consulté le 22 mai 2024]
- Sonigo C. et al. Prise en charge de première intention du couple infertile : mise à jour des RPC 2010 du CNGOF. Gynécologie Obstétrique Fertilité & Sénologie. Elsevier Masson. 2024;52(5):305-335
- Institut national de la santé et de la recherche médicale. Assistance médicale à la procréation (AMP). Des techniques pour aider les couples infertiles. Site internet : Inserm. Paris ; 2018 [consulté le 22 mai 2024]
- Institut national de la santé et de la recherche médicale. Infertilité. Site internet : Inserm. Paris ; 2019 [consulté le 22 mai 2024]
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