Baisse de la fertilité et de la fécondité : pourquoi ?

Fertilité, fécondité : quelles différences ? Une baisse de fertilité est observée. Elle est en lien avec des tentatives de maternités tardives (en rapport avec un déclin normal de la fertilité avec l'âge), des conditions de vie modifiées (tabagisme, surpoids, sédentarité…) et un environnement plus nocif.

Fertilité, fécondité, naissances : comment s’y retrouver ?

La fertilité et la fécondité sont deux notions différentes, la fécondité est un fait, celui d’avoir un enfant, la fertilité est une potentialité, celle d’avoir un enfant dans une population en désir d’enfant.

La fertilité

La fertilité est la capacité biologique d’une femme, d’un homme ou d’un couple à concevoir un enfant.

La fécondité, taux de fécondité et indicateur conjoncturel de fécondité

La fécondité est le nombre d'enfants mis au monde.

La fécondité d’une population se traduit par le nombre d’enfant(s) par femme. Elle est un paramètre démographique qui a des répercussions sur l’évolution de la population (accroissement ou diminution, âge moyen et vieillissement). Elle est conditionnée par la fertilité des couples et un ensemble de comportements sociaux (impact des religions, choix de vie individuels, contraception, politique de natalité…)

Le taux de fécondité est le rapport du nombre de naissances vivantes de l’année à l’ensemble de la population féminine en âge de procréer c’est à dire de 15 à 50 ans.

L’indicateur conjoncturel de fécondité rapporte le nombre de naissances annuelles d'une génération donnée à l'effectif de cette génération (par exemple, le nombre d'enfants nés de femmes de 30 ans rapporté à l'effectif des femmes de 30 ans) et ceci pour l'ensemble de la population féminine en âge de procréer (de 15 à 50 ans).

À la différence de l’indicateur conjoncturel de fécondité, l’évolution du taux de fécondité dépend en partie de l’évolution de la structure par âge des femmes âgées de 15 à 50 ans.

En France, l’indicateur conjoncturel de fécondité (ICF) s’établit à 1,88 enfant par femme en 2018, 1,87 enfant par femme en 2019. Il baisse à 1,84 en 2021, puis à 1,80 en 2022 et à 1,68 en 2023. Il oscillait autour de 2,0 enfants par femme entre 2006 et 2014.

Pour en savoir plus sur la mesure de la fécondité, consultez la vidéo sur le site de l'Ined.

Le nombre de naissances en France

Le nombre d'enfants nés chaque année baisse régulièrement.

En 2023, 678 000 bébés sont nés en France, soit 48 000 (6,6 %) de moins qu'en 2022 et près de 20 % de moins que lors du dernier pic de naissances, en 2010.

Une exception dans ce mouvement de baisse : l'année 2021, au cours de laquelle, malgré le contexte pandémique, 742 100 enfant sont nés.

Le nombre de naissances dépend à la fois du nombre de femmes en âge de procréer et de leur fécondité. Entre 2016 et 2023, la population féminine âgée de 20 à 40 ans est globalement stable. Cette baisse du nombre des naissances s'explique donc exclusivement par la baisse de la fécondité.

En 2021, la France en tête de l’Union Européenne pour la fécondité 

L'indicateur conjoncturel de fécondité  (ICF) en France est de 1,84 en 2021.

Suivent :

  • la République tchèque : 1,83 ;
  • la Roumanie : 1,81 ;
  • l'Irlande : 1,78.

Trois pays ont des ICF inférieurs à 1,3, principalement des pays méditerranéens : l'Italie, l’Espagne et Malte.

L’Allemagne, qui faisait partie il y a dix ans des pays les moins féconds de l’UE, figure désormais dans la moyenne (ICF de 1,58, contre 1,53 pour l’ensemble de l’UE).

Source : Ined

Un constat actuel : la baisse de la fécondité

La fécondité est conditionnée par la fertilité des couples et un ensemble de comportements sociaux : choix de vie individuels, contraception, politique de natalité, impact des religions…

Fécondité des femmes de 25 à 29 ans en baisse régulière

Les femmes les plus fécondes sont celles ayant entre 25 et 34 ans. Toutefois, le taux de fécondité des femmes de moins de 30 ans baisse depuis les années 2000 et cette diminution s’accentue depuis 2015.

En 2023, 100 femmes âgées de 25 à 29 ans donnent naissance à 9,2 enfants contre :

  • 10,0 enfants en 2022 ;
  • 12,9 enfants en 2010 ;
  • 13,4 en 2000.

Baisse récente de la fécondité de femmes de 30 à 34 ans

La baisse du taux de fécondité des femmes de 30 à 34 ans est plus récente : 6,8 enfants pour 100 femmes en 2023, contre 7 enfants en 2019.

La baisse de la fécondité observée depuis 2015 n’est pas centrée sur un groupe de niveau de vie en particulier : elle concerne aussi bien les femmes aisées que celles appartenant aux ménages les plus modestes.

Cette diminution touche, par ailleurs, aussi bien les femmes qui n’avaient pas encore d’enfant que celles qui en avaient déjà. Elle ne concerne toutefois pas les femmes immigrées, dont la fécondité reste stable.

Les facteurs en cause dans la baisse de la fertilité

La fertilité de la femme et de l'homme est diminuée par des facteurs multiples.

L’âge de la mère, du père et du couple : première cause de la baisse de la fertilité

La fertilité baisse quand l’âge augmente.

L’âge de la femme

Chez la femme, la fertilité spontanée diminue dès 30 ans, nettement après 37 ans, en raison d’une diminution du nombre et de la qualité des avec l’âge.

Le risque de ne pas être mère augmente avec l'âge. Ce risque est de 4 % à 20 ans, 14 % à 35 ans, 35 % à 40 ans et 80 % après 45 ans.

L’âge moyen à la maternité a augmenté régulièrement, mais reste stable entre 2022 et 2023. Il atteint pour le premier enfant 31 ans en 2022 et 2023, alors qu’il était de 30,7 ans en 2019, de 29,3 ans vingt ans plus tôt et de 24-25 ans en 1977. Le report de l’âge des maternités continue de progresser.

Ce retard à la maternité n’est pas sans conséquences pour la femme et l’enfant à naître, avec une augmentation de l’infertilité, des fausses couches, des problèmes obstétricaux, des hypotrophies et des anomalies congénitales.

Des femmes plus âgées au moment de l'accouchement

L'enquête nationale périnatale 2021 a mis en évidence que la part des femmes âgées de 35 à 39 ans à l’accouchement augmente. Elle est de 19,2 % en 2021 contre 17,2 % en 2016.

La part des femmes âgées de 40 ans et plus est de 5,4 % en 2021 contre 3,9 % en 2016.

L’âge de l’homme

L’âge de la paternité augmente. En 2021, l’âge moyen des pères à la naissance de leur enfant est de 33,8 ans, soit presque trois ans de plus que pour les mères. L’écart d’âge moyen entre les pères et les mères oscille autour de 3 années depuis 1975.

Si la femme a notion d’une l’horloge biologique la conduisant à la ménopause, l’homme n’a que peu connaissance de sa baisse de fertilité avec l’âge, il est moins soumis à la pression sociale. La prise en compte de l’âge de l’homme est donc une notion plus récente, il joue un rôle indépendamment de celui de la femme.

En effet, le génome des spermatozoïdes s’altère avec l’âge par fragmentation de son ADN, source de plus de difficulté à concevoir, augmentation des fausses couches, des risques génétiques dans la descendance.

L’âge du couple

L’âge du couple et de chacun des partenaires est indissociable des taux de grossesse, il existe un effet cumulatif de l’âge des deux partenaires : le taux de fausses couches est multiplié par 6,7 si l’homme a plus de 40 ans et la femme plus de 35 ans.

Le tabac en cause dans la baisse de la fertilité

Le tabac, est un des facteurs participant à la baisse de la fertilité, en dehors de tous les autres effets néfastes sur la santé de l’individu.

Les effets du tabac sur la fonction reproductive de l’homme

Le tabagisme a un impact sur la fonction reproductrice masculine à de multiples niveaux.

On observe chez l’homme qui fume :

  • des taux d'hormones (luteinizing hormone (LH),  et prolactine) plus élevés que chez les non-fumeurs. Cela semble être dû à un effet central des perturbateurs endocriniens contenus dans la fumée du tabac. Ces modifications sont réversibles à l’arrêt du tabac ;
  • une baisse de la qualité du sperme : diminution du nombre de spermatozoïdes (oligospermie) et de leur mobilité, augmentation du nombre de spermatozoïdes anormaux ou non viables (tératospermie).
  • des anomalies des chromosomes et de l’ADN des spermatozoïdes survenant lors de la division des cellules ;
  • des possibles troubles de l’érection.

L’exposition au tabac d'une femme enceinte a une incidence sur le fœtus masculin. Elle entraîne :

  • une augmentation du risque de cryptorchidie bilatérale ;
  • une diminution de 20 % de nombre total des spermatozoïdes à l’âge adulte chez les garçons des femmes enceintes fumant plus de 10 cigarettes par jour ;
  • une diminution du volume testiculaire.

Chez la femme, le tabagisme agit également à différents niveaux

On observe des effets sur la production des hormones féminines. De nombreux composants du tabac ont été identifiés comme perturbateurs endocriniens, notamment le cadmium ou le benzopyrène. Il en résulte une modification du profil hormonal des fumeuses qui présentent des taux de et de FSH (follicle stimulating hormone) plus élevés, un défaut de synthèse des estrogènes et de la créant ainsi un environnement androgénique au niveau de l’ovaire, nocif pour la croissance et la maturation folliculaire

La réserve ovarienne est diminuée. La survenue de la ménopause est avancée de deux ans chez les fumeuses et les marqueurs de la réserve ovarienne sont significativement plus bas ;

Les anomalies du déroulement de la grossesse sont plus nombreuses :

  • augmentation du risque de grossesses extra-utérines, avec un risque multiplié par 1,2 à 1,7 suivant les études et qui augmente de façon proportionnelle à la consommation tabagique (risque multiplié par 3,5 à 3,9 chez les patientes fumant plus de 20 cigarettes par jour) ;
  • défaut d'implantation de l’ dans la utérine, sans que la cause soit bien connue ;
  • risque accru de fausse couche.

Tabagisme et Assistance Médicale à la Procréation

Dans le cadre de l’assistance médicale à la procréation, la consommation de tabac chez la femme et chez l’homme est associée à une moins bonne réponse à la stimulation ovarienne, une baisse des taux de fécondation et d’implantation résultant au total en deux fois moins de grossesses et deux fois plus de fausses couches.

Le cannabis et drogues

Une consommation pluri-hebdomadaire de cannabis sur 5 ans entraîne une diminution du volume et du nombre de spermatozoïdes, des altérations de leur aspect et de leur mobilité avec une hyperactivité de spermatozoïdes et diminution de la capacité à féconder.

À la différence du tabac, le cannabis a une élimination très lente et les effets délétères sont plus importants.

Les autres toxiques (drogues diverses) sont tout aussi nuisibles individuellement sur la fertilité. Leur utilisation moins diffusée limite l’impact sur la fertilité de la population.

Alcool : quel rôle dans la fertilité ?

Les connaissances sur les effets potentiellement nocifs de l’alcool sont moins claires, notamment du fait de la diversité des alcools et de la difficulté à déterminer une fréquence de consommation seuil. Il semblerait que le seuil de risque se situe à 30 g d’alcool par jour, soit 3 verres d'alcool. Chez la femme, une consommation modérée de vin de plus de 2 verres par jour entraînerait une diminution du délai de conception.

Mode de vie et fertilité

L’obésité, souvent accompagnée de sédentarité, est un facteur d’hypofertilité, chez l’homme comme chez la femme avec en plus pour ces dernières des complications obstétricales parfois sévères.

Les petites filles en excès de poids ont un âge plus précoce de puberté, un risque plus important de présenter plus tard un syndrome des ovaires polykystiques et de l’endométriose et donc un risque accru d’hypofertilité.

Ce risque d’hypofertilité existe également chez l’homme en excès de poids et présentant une hyperestrogénie (augmentation de la production d'estrogènes) et une diminution du nombre des spermatozoïdes.

À l’inverse, une maigreur dans le cadre d’une anorexie mentale prolongée est responsable d’un trouble de l’ et donc d’une infertilité.

La qualité de l’alimentation est également en cause en raison de la présence d’additifs et de pesticides utilisés en agriculture.

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Environnement et fertilité : rôle des polluants et des perturbateurs endocriniens

Les polluants

Les polluants, qu’ils soient physiques chimiques, dans l’air, dans l’eau, ou dans la terre, impactent la vie reproductive et la descendance. Ils ont un effet transgénérationnel.

Ils sont présents dans :

  • les aliments et les emballages ;
  • les cosmétiques ;
  • les détergents ;
  • les traitements phytosanitaires : produit chimique employé pour la protection de la santé des plantes (herbicides pour lutter contre les mauvaises herbes, fongicides contre les champignons et insecticides contre les insectes) ;
  • les pesticides : substance chimique utilisée principalement en agriculture pour la prévention, le contrôle ou l'élimination d'organismes jugés indésirables comme des plantes, des animaux, des champignons ou des bactéries ;
  • les microparticules ou nanomatériau  : matériau soit d’origine naturelle, soit formé accidentellement ou fabriqué de manière intentionnelle, qui contient des particules dont une ou plusieurs dimensions sont de l’ordre du nanomètre (1 nanomètre est égal à 1 milliardième de mètre).

Les polluants ont un rôle nocif pour la santé et peuvent agir également à toutes les étapes de la procréation :

  • sur les gamètes adultes (ovules et spermatozoïdes) ;
  • sur la fécondation : répartition de patrimoine génétique, mutation génétique ;
  • sur l’embryogenèse, c'est à dire le développement de l’ ;
  • et sur le nouveau-né.

Qu’est-ce que les perturbateurs endocriniens ?

Un perturbateur endocrinien est une substance, qui altère la production de certaines hormones et, de ce fait, induit des effets néfastes dans un organisme intact ou chez sa progéniture.

Certaines de ces substances peuvent ainsi entrainer des effets délétères sur la reproduction et nuire à la fertilité ou perturber le développement du fœtus.

Il semble que le fait d'être exposé à plusieurs perturbateurs de même mécanisme biologique augmente les conséquences néfastes : ensemble, les perturbateurs endocriniens peuvent perturber l’organisme sans que chacun, pris isolément, n’ait d’effet. C'est l'effet cocktail.

Par ailleurs, il peut y avoir des interactions entre perturbateurs endocriniens agissant par des mécanismes différents.

Les études se poursuivent pour rechercher la toxicité des perturbateurs endocriniens.

De nombreuses substances chimiques synthétiques sont considérées comme perturbateurs endocriniens. Les plus connues sont :

  • les parabènes contenus dans certains produits d’hygiène ;
  • le bisphénol A dans certains articles en plastique, revêtements internes des boites de conserve ;
  • les phtalates présents dans le plastique mou ;
  • des pesticides comme la chlordécone ;
  • des retardateurs de flamme dans les meubles rembourrés ;
  • des composés perfluorés dans certaines casseroles anti-adhésives ;
  • du Triclosan dans des déodorants ou des dentifrices.

Il existe aussi des perturbateurs endocriniens d’origine naturelle comme les phytoestrogènes présents notamment dans le soja ou certaines huiles essentielles.

Ces substances pénètrent dans l’organisme en mangeant, en respirant ou par contact avec la peau. Le niveau de danger de ces substances est très variable

Les études menées auprès de la population ont montré une augmentation de certaines maladies (cancers, troubles neurodéveloppementaux ou immunitaires …) et une diminution de la fertilité.

La diminution de la fertilité chez l'homme peut s'expliquer par :

  • des malformations de l’appareil uro-génital : cryptorchidie, absence d’un ou deux testicules, hypospadias (l'orifice de l' n'est pas situé à l'extrémité du pénis mais, le plus souvent, à sa face postérieure) ;
  • une augmentation des cancers des testicules ;
  • une baisse de la qualité du sperme (diminution du nombre de spermatozoïdes).

Chez les femmes, les perturbateurs endocriniens peuvent être responsables d'une puberté précoce.

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