Médicaments et allaitement

Publié dans : Médicaments et situation de vie

Afin d'éviter tout risque pour l'enfant, la prise de médicaments par une femme qui allaite, y compris ceux vendus sans ordonnance, devrait être évitée, sauf traitement prescrit par un professionnel de santé. La mère ne doit pas prendre un médicament de sa propre initiative ni arrêter ou modifier un traitement en cours sans en avoir préalablement parlé avec son médecin traitant.

L'allaitement est l'alimentation naturelle du bébé par le lait maternel. Il présente des bénéfices pour le nourrisson que n'ont pas les laits infantiles (maternisés ou artificiels).

Même si l'allaitement ne dure que quelques semaines, il est bénéfique à votre enfant. En effet, le lait maternel est facile à digérer et il est vite assimilé. Le lait maternel est riche en anticorps, vitamines, sels minéraux, oligo-éléments, sucres, graisses, protéines... Tout ce dont votre bébé a besoin pour bien démarrer dans la vie.

Si l'allaitement maternel dure au moins 3 mois, il protège le nourrisson des infections ORL(otite), digestives (gastro-entérite) et respiratoires (bronchiolite).

Si l'allaitement maternel exclusif est prolongé au moins 4 mois chez les nourrissons à risque d'allergie (père, mère, frère ou sœur allergique), il réduit ce risque allergique et la survenue de maladies en lien avec l'allergie : eczéma atopique du nourrisson, asthme du nourrisson. Il prévient également le risque d'obésité pendant l'enfance et l'adolescence.

De plus, le lait produit par la mère change de composition au fil du temps pour s'adapter aux besoins et à la croissance du bébé.

Cependant, le lait produit par la mère est aussi le reflet de son état de santé général et de son alimentation.

Les substances qu'absorbe la mère (médicaments, aliments, alcool, etc.) peuvent donc se retrouver dans le lait et affecter l'enfant.

Pour qu'un médicament pris sous forme orale, injectable, inhalée, etc. se retrouve dans le lait maternel, il faut qu'il soit présent dans le plasma de la mère (liquide dans lequel baignent les cellules du sang). Dans le cas contraire, il ne sera pas présent dans le lait maternel.

Le bébé allaité ne reçoit le médicament présent dans le lait que par voie orale, lorsqu'il tète.

Grossesse et allaitement : des risques différents pour un même médicament

Contrairement à une idée très répandue, un médicament utilisable en cours de grossesse n’est pas toujours sans risque au cours de l’allaitement.

À l’inverse, certains médicaments à risque pendant la grossesse ne posent pas de problème pendant l’allaitement.

De nombreux médicaments n'ont aucun effet négatif pendant l'allaitement car ils ne passent pas dans le lait ou s'y retrouvent en quantités trop faibles pour avoir une incidence ou encore, sont inoffensifs pour le bébé.

Pour le bébé, les effets des médicaments présents dans le lait maternel sont variables :

  • Ils peuvent être immédiats et transitoires. Par exemple, la prise d'un antihistaminique (contre les allergies), médicament qui a une action sédative modérée chez la mère provoque une sédation passagère chez l'enfant ou paradoxalement une agitation.
  • Ils peuvent être à plus long terme. Certains antibiotiques, comme les tétracyclines, ont un effet toxique sur le développement dentaire futur.

Les effets des médicaments sur le bébé peuvent aussi être :

  • identiques à ceux de la mère. Par exemple, si un somnifère passe dans le lait maternel, le bébé va ressentir le même effet sédatif que celui de sa mère, dans une moindre proportion si la quantité présente dans le lait maternel est faible. Cet effet est généralement le même que celui observé lorsque la mère est en état d'ébriété dû à la prise d'alcool. La consommation de certains excitants comme le café, peut aussi affecter le bébé ;
  • différents de ceux de la mère. Les tétracyclines vont soigner une infection chez la mère mais n'auront aucun effet chez le bébé s'il n'a pas d'infection. Les perturbations du développement dentaire, qui peuvent apparaître plus tard, ne sont pas observées chez la mère.

Avant toute prescription de médicament à une femme qui allaite, le médecin traitant évalue le bénéfice potentiel, par rapport au risque pour le bébé.

Lorsque le passage dans le lait du médicament est important, il n'est pas possible de le prendre durant la période d'allaitement. C’est par exemple le cas de l’acebutolol utilisé notamment dans l’hypertension artérielle.

Dans certains cas, des adaptations de l’allaitement sont mises en place pour permettre à la mère de prendre un traitement temporaire (possibilité d'utiliser pour une courte période un lait infantile en tirant son lait).

Plusieurs situations justifient la prise de médicaments pendant l'allaitement. C'est le cas notamment lorsque la mère doit suivre un traitement pour 

  • une maladie chronique tels que l'asthme, le diabète, etc. ;
  • une maladie ponctuelle qui ne guérit pas spontanément comme une infection urinaire ;
  • compenser un déficit après la grossesse en vitamines, minéraux, etc.

Pour chaque  mère qui souhaite allaiter et qui doit prendre un traitement, l’analyse de la situation permet d’établir une conduite à tenir.

Toutes les notices des médicaments comportent une information spécifique pour les cas de grossesse et d'allaitement.

Selon le recul que l'on a sur l'utilisation d'un médicament et les données observées au fil de son utilisation dans la population, trois situations sont possibles :

  • Un risque pour le bébé allaité est connu ou suspecté. Dans ce cas l'utilisation du médicament n'est pas compatible avec l'allaitement.
  • Un risque pour le bébé allaité est peu probable. En fonction de la nature des données disponibles, l'utilisation sera qualifiée de « possible » ou d'« envisageable » pendant l'allaitement.
  • Le risque pour le bébé est inconnu car les données disponibles ne permettent pas d'aboutir à une conclusion. La possibilité ou non d'allaiter sera appréciée au cas par cas par le médecin traitant.

Ainsi, il est important de consulter la notice d'un médicament, même de ceux qui sont connus de longue date et sont largement utilisés. L'aspirine, par exemple, est déconseillée pendant l'allaitement car le bébé peut en ingérer.

Vous êtes enceinte et vous souhaitez allaiter

Informez-en les professionnels de santé qui vous accompagnent, médecins et sages-femmes. Ils adapteront la prise en charge médicamenteuse de votre fin de grossesse dans cette optique. Si vous êtes atteinte d’une maladie chronique et vous prenez régulièrement un médicament pendant votre grossesse, ils mettront en place avec vous, si c’est possible, la reprise d’un traitement compatible avec votre souhait d’allaiter, une fois que vous aurez accouché.

Vous allaitez votre bébé

Tout au long de l'allaitement, il est important :

  • d'éviter l’automédication. Vous devez consulter votre médecin traitant ou demander conseil à un professionnel de santé avant de prendre tout médicament, y compris ceux vendus sans ordonnance ou à base de plantes. La consommation de compléments alimentaires et de produits tels que les huiles essentielles est aussi vivement déconseillée ;
  • de ne pas arrêter un traitement prescrit ni d'en modifier les doses prescrites sans avis médical ;
  • d'éviter de prendre des médicaments avant de nourrir votre bébé afin de minimiser le risque de passage des médicaments dans le lait maternel. En effet, plus la tétée est proche du pic de concentration du médicament dans le lait, plus la quantité ingérée par le bébé augmente. Si vous devez suivre un traitement, il est préférable de le prendre immédiatement après la tétée pour donner à votre organisme le temps d'éliminer le médicament avant la tétée suivante ;
  • de bien lire les notices de chaque médicament ;
  • de bien préciser à chaque professionnel de santé consulté que vous allaitez : dentiste, pharmacien, etc.

Pour favoriser le déroulement de l'allaitement dans les meilleures conditions pour votre bébé et vous-même, il est important d'appliquer quelques principes d'hygiène.

Ne pas fumer

Vous ne devez pas fumer pendant cette période, même si le tabagisme n'est pas contre-indiqué dans cette situation. Essayez de réduire au maximum votre consommation et, si possible, attendez deux heures après avoir fumé avant de donner le sein, afin de réduire la concentration de nicotine dans votre lait. L'allaitement peut d'ailleurs être une bonne période pour arrêter de fumer. Il est alors important de demander l'avis de votre médecin traitant et de ne pas réaliser cette démarche sans avis médical (en automédication) car certains substituts nicotiniques, en patchs notamment, sont contre-indiqués pendant l'allaitement.

Ne pas consommer de drogues

Toute consommation de drogue, y compris des substances « douces » comme le cannabis, doit être proscrite.

Toute consommation de boisson alcoolisée doit être évitée car l'alcool passe dans le lait maternel. Une consommation occasionnelle, si elle a lieu, doit rester modérée. Si elle est plus importante, il est préférable d'éviter l'allaitement. Dans ce cas, vous pouvez tirer votre lait puis le jeter.

Pendant l’allaitement, il faut éviter de boire des boissons énergétiques. Elles peuvent contenir de la caféine ou d’autre substances excitantes qui passent dans le lait et ont un effet sur le bébé : agitation, irritabilité, troubles du sommeil, etc.

Les boissons « naturellement » excitantes comme le café, le thé, et certains sodas contenant de la caféine peuvent être prises en faibles quantité, et si possible immédiatement après la tétée pour limiter le passage dans le lait lors de la prochaine tétée.

Les tisanes et les autres boissons décaféinées peuvent être consommées.

Boire de l'eau est vivement recommandé car l'allaitement peut légèrement déshydrater, il est donc important d'en boire suffisamment, encore plus en période de fortes chaleurs.

Contrairement à la grossesse, la mère ne doit pas suivre de régime particulier pendant l'allaitement. Il vous est simplement recommandé d’avoir une alimentation variée et équilibrée qui comprend :

  • des fruits et légumes frais ;
  • des protéines maigres animales et végétales (viande blanche, lentilles, etc.) ;
  • des céréales complètes ;
  • des graisses insaturées (huile d’olive, poissons).

En outre, pendant cette période, vous devez éviter de prendre des compléments alimentaires sans avis médical car certaines vitamines et minéraux contenus dans ce type de produits passent dans le lait maternel.

Enfin, les aliments « naturellement » excitants comme le chocolat fortement titré en cacao peuvent être consommés mais en faible quantité, et si possible immédiatement avoir allaiter pour limiter le passage dans le lait de la prochaine tétée.

  • Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM). Médicaments et grossesse. Site internet : ANSM. Saint Maurice (France) ; 2022 [consulté le 21 octobre 2024]
  • Centre de référence sur les agents tératogènes (CRAT). Médicaments et allaitement : les grands principes. Site internet : CRAT. Paris ; 2024 [consulté le 21 octobre 2024]
  • Korb-Savoldelli V, Korb D. Pharmacie clinique et thérapeutique in Médicaments, grossesse et allaitement. 5e éd. Paris : Elsevier Masson. Chapitre 59. 2018:1071-82
  • Haut Conseil de santé publique. L'allaitement maternel. Site internet : HCSP. Paris ; 2024 [consulté le 21 octobre 2024]
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