L’accompagnement téléphonique
Publié dans : Présentation du service sophia
14 novembre 2024
L’accompagnement en santé est un outil de bien-être pour la qualité de vie des patients qui intervient en soutien des professionnels de santé.
Les infirmier(ères)-conseiller(ère)s en santé (ICS) du service sophia sont spécialement formé(e)s à l'accompagnement des malades chroniques. A l'écoute des patients pour leur apporter un soutien et des conseils adaptés à leur état de santé et à leurs besoins, les ICS les encouragent à mettre en pratique les recommandations de leurs professionnels de santé.
En pratique, les adhérents sont contactés par téléphone en fonction de leur état de santé. Ils peuvent aussi appeler directement les infirmiers-conseillers en santé en cas de besoin.
« Notre rôle en tant qu’infirmier conseiller sophia est d’aider les patients devenus adhérents au service d’accompagnement sophia à mieux saisir ce qu’est leur pathologie pour les aider à adopter de nouvelles habitudes de vie. On parle ensemble du suivi du traitement, du suivi des examens médicaux, d’ailleurs on a une vigilance particulière sur ce sujet parce qu’on est partie prenante de la lutte contre le renoncement aux soins. On va aussi parler de la prise en compte des différents facteurs de risque pour limiter le risque de complication et ainsi les hospitalisations. On prend le temps aussi de s’adapter aux besoins de la personne, aux questionnements qui sont les siens et aussi à l’évolution de l’acceptation de la maladie. Systématiquement, les conseils délivrés sont personnalisés et adaptés surtout aux recommandations qui sont faites soit par le médecin traitant, soit par les différents spécialistes que la personne a pu rencontrer dans son parcours médical » Dorothée Sainger infirmière-conseillère sophia
« Être conseiller en santé consiste à écouter et à savoir rebondir. Nous aidons le patient, par la discussion, à imaginer et mettre en œuvre les solutions qu’il pense être à sa portée. Cela dans le but d’améliorer l’équilibre de son diabète et ainsi, sa qualité de vie » Audrey, infirmière-conseillère sophia
Le service sophia compte 6 centres d’accompagnement
répartis sur tout le territoire français et où plus de 160 infirmier(ère)s-conseiller(ère)s en santé travaillent.
- Lille,
- Nice,
- Albi,
- Saint-Étienne,
- Martinique,
- Réunion.
Les adhérents sont accompagnés par l’ensemble des infirmier(ère)s-conseiller(ère)s en santé d’un centre, favorisant ainsi une complémentarité des approches d’accompagnement et un regard croisé sur le cas d’un adhérent. Cet accompagnement ne se substitue pas à la prise en charge par l’équipe soignante du patient.
La sectorisation des centres sophia : découvrez de quel centre dépend votre département.
L’accompagnement en Outre-Mer : prendre en compte les spécificités
Certaines spécificités de santé publique sont rencontrées sur le territoire des Antilles-Guyane (vieillissement plus important de la population antillaise, progression de l’obésité…), et d’autres particularités locales s’entremêlent, nécessitant un accompagnement adapté. La prise en compte des caractéristiques d’Outre-Mer et de la diversité de leur identité culturelle représente un enjeu majeur, car elle permet d’offrir un accompagnement de qualité.
« L’arc Antilles-Guyane abrite une identité culturelle forte, sur laquelle le service s’appuie et s’adapte pour répondre au mieux aux besoins des adhérents. Les spécificités telles que la culture culinaire et ses produits locaux, la pharmacopée, ou la connaissance des traditions et coutumes font partie intégrantes des particularités que doivent prendre en compte les ICS d’Outre-mer. Même si les échanges se font majoritairement en français, l’utilisation du créole et de ses expressions facilite aussi l'alliance entre l'ICS et l’adhérent. Tout cela permet un accompagnement personnalisé. De plus, l’adhérent peut avoir connaissance de l’offre de soins locale (associations, évènements, activités). » Stéphanie Cavalin-Théodore, Responsable du centre sophia de Martinique.
Les informations sur lesquelles travaillent les infirmier(ère)s-conseiller(ère)s en santé sont des données sensibles appartenant à l’Assurance Maladie et/ou à l’adhérent. Elles sont couvertes par le secret professionnel (et plus spécifiquement par le secret médical) et ne doivent donc pas être divulguées. Ainsi, les ICS ont la responsabilité de protéger à tout moment les données personnelles et médicales auxquelles ils ont accès ou dont ils ont eu connaissance.
Par ailleurs, les informations collectées lors d’un appel ne doivent pas porter atteinte à la personne : elles doivent être adéquates et pertinentes, sans jamais être excessives ou discriminantes.
Toute personne est en droit de s’opposer « à ce que les données le concernant fassent l’objet d’un traitement ».
Ce droit peut être exercé gratuitement à tout moment, et l’ICS devra en informer sa hiérarchie.
À retenir
- Les infirmier(ère)s-conseiller(ère)s ont pour objectif d’améliorer la prise en charge des patients et de réduire les risques de complications liés à leur maladie, en renforçant leur niveau de connaissances.
- Les infirmier(ère)s-conseiller(ère)s interviennent en complément du médecin traitant et des autres professionnels de santé, sans se substituer à un suivi médical.
- Les infirmier(ère)s-conseiller(ère)s ne sont pas en mesure de poser un diagnostic.
Les infirmier(ère)s-conseiller(ère)s en santé accompagnent les adhérents dans un esprit motivationnel, inspiré des techniques de l’entretien motivationnel. Il doit aider la personne suivie à engager le changement.
« L'entretien motivationnel est un style de communication, basé sur la collaboration, orienté vers un objectif, et qui porte une attention particulière au langage du changement. Il vise à renforcer la motivation et l'engagement vers un changement spécifique, en invitant la personne à évoquer et à explorer ses propres raisons et arguments pour changer, dans une atmosphère d'acceptation, de non jugement et de bienveillance. » William R. Miller ; Stephen Rollnick.
Chaque personne porte en elle la motivation à changer de comportement. L’ICS peut favoriser cette attitude en faisant émerger chez elles les facteurs motivationnels propices au changement, sans chercher à les convaincre, ni à les contraindre, mais plutôt les aider à prendre la décision par elles-mêmes de la transformation à effectuer et de la manière de la conduire.
Les infirmier(ère)s-conseiller(ère)s en santé sont le coeur de l’accompagnement proposé par le service sophia.
Ils appellent régulièrement certains d’entre vous, adhérents du service sophia, pour vous aider à suivre votre maladie, et vous pouvez aussi les appeler quand vous en ressentez le besoin. Reportage dans les coulisses du centre sophia de Nice, à la rencontre de six infirmiers qui vous accompagnent au quotidien.
Jean-Claude est l’un des pionniers de l’aventure sophia, présent dès les premiers appels en 2008 : « l’accompagnement téléphonique était complètement inconnu en France. On avait tout à apprendre en tant qu’infirmiers. Comme les patients ! » Beaucoup de chemin a été parcouru depuis, avec désormais plus de 160 ICS répartis dans quatre centres métropolitains et deux équipes en outre-mer (la Martinique pour les adhérents des Antilles et de la Guyane, et l’île de La Réunion) à l’écoute de plus de 800 000 patients adhérents. Infirmière sophia depuis 2012, Danièle dite « Dany », résume ainsi sa mission : « notre objectif est d’amener les adhérents à réfléchir par eux-mêmes sur ce qu’ils peuvent faire évoluer dans leur quotidien pour mieux vivre avec leur maladie. »
Un premier appel essentiel
Arrivée en 2010, Marie-Pierre dite « Mapi », voit son travail comme « une aide sur le chemin de la maladie chronique ». Car la gestion notamment du diabète dans la durée est un élément clé de l’accompagnement. Il y a d’abord le premier appel, « essentiel pour faire alliance avec l’adhérent » explique Frédéric, infirmier sophia depuis 2014.
« C’est la clef de voûte qui permet de construire la suite » ajoute-t-il. Puis les appels ont lieu à une fréquence adaptée aux besoins des adhérents. « Un travail de fourmi » pour Aline, infirmière sophia depuis mars 2015, « et c’est normal car c’est compliqué de revoir ses habitudes, notamment sur l’alimentation ou l’activité physique.
On voit l’évolution d’entretiens en entretiens. C’est un travail de petits pas. »
Pour Régine, chez sophia depuis 2013, à l'époque où l'accompagnement portait uniquement sur le diabète, « c’est notre fierté quand ça marche ! Par exemple il y a encore quelques années, on avait du mal à recueillir l’HbA1c car beaucoup ne connaissaient pas leur taux. » Et Mapi de poursuivre à propos de cet indicateur clé de l’équilibre du diabète : « presque tous les adhérents savent désormais ce qu’est l’HbA1c et connaissent leur taux et leur objectif. Quand on voit comme cela a bien évolué en peu de temps, on se dit que ça peut fonctionner pour le reste ! »
Identifier les difficultés
Les difficultés que peuvent rencontrer les infirmiers sophia au quotidien sont le reflet de celles des patients, nombreuses et variées. « C’est comme assembler les pièces d’un puzzle » décrit Frédéric, ce qui n’est pas évident quand l’infirmier doit, sur un appel,
« identifier le thème le plus pertinent à ce moment-là » ajoute Jean-Claude.
Sur certains sujets, les adhérents évoquent aussi leurs difficultés personnelles :
par exemple sur le bilan bucco-dentaire où se mêlent problèmes financiers, recherche d’un chirurgien-dentiste et peur des soins dentaires. « On insiste beaucoup sur la prise en charge à 100 % de la consultation dentaire annuelle » décrit Régine, « car c’est peu connu alors qu’une consultation chaque année permet de dépister une complication au début pour la traiter au mieux ».
La « courroie de transmission » des médecins.
Facteur de risque majeur, le tabac est un autre sujet sensible. Frédéric utilise alors son expérience d’ancien fumeur, « pour parler aux patients fumeurs d’égal à égal et les aider à se préparer à l’arrêt s’ils le souhaitent. Sur ce type de sujets » poursuit-il, « on est comme la courroie de transmission du médecin car on a plus de temps pour parler et faire le suivi aux appels suivants. »
N’hésitez donc pas si besoin à les appeler car ces infirmiers sont spécifiquement formés pour répondre à toutes les problématiques liées au diabète que vous pouvez rencontrer. Et ils vous accueilleront « avec le sourire ! » conclut Régine, « car c’est important : on l’entend au téléphone le sourire ! »
Depuis combien de temps exercez-vous au sein du service sophia ?
« Nous étions toutes présentes lors du lancement de sophia, dont certaines dès le premier jour. Au départ, ce programme était inédit en France et tout était à construire. Petit à petit, nous avons été formées à passer des appels, poser des questions ciblées et établir un suivi depuis un logiciel informatique. »
Quelle est votre vision sur l’évolution du service depuis 15 ans ?
« Au commencement, les entretiens téléphoniques étaient plutôt « informels », même s’il fallait créer du lien, nous étions davantage dans une attitude empathique avec un sens de l’accueil. Nous n’avions pas le même relationnel que maintenant.
La notion véritable d’accompagnement est arrivée plus tard, et elle s’est développée et affinée avec l’initiation à l’entretien motivationnel. Grâce aux formations approfondies, l’aspect motivationnel est venu au coeur de l’accompagnement en santé. Petit à petit, nous avons été au plus près des besoins des adhérents afin de réaliser un accompagnement personnalisé. Et cela grâce aussi à l’arrivée de nouveaux outils informatiques permettant de réaliser des appels à intervalles plus rapprochés.
Ce qui est également intéressant, c’est l’ouverture et la diversification du service, qui, au fil des ans va permettre le suivi d’autres pathologies chroniques : l’asthme, et plus récemment l’accompagnement des adhérents diabétiques qui sont aussi insuffisants cardiaques. Une expérimentation a été lancée dans quelques départements et se généralise. »
Quels changements positifs avez-vous pu identifier ?
« Évidemment, le fait que le service se soit généralisé et étendu à tout le territoire national est un point incontestable. Cela signifie que notre activité compte et qu’elle a du sens. Aujourd’hui, près d’un million de personnes sont adhérentes, et les inscriptions continuent ! Nous pouvons véritablement dire que nous sommes inscrits dans un programme d’accompagnement en santé et de prévention : nous agissons afin de rendre les patients acteurs de leur santé et participons au changement de leurs habitudes de vie, entraînant des conséquences positives (moins de risques de complications, moins d’hospitalisations…). Nous avons su prouver notre légitimité et nous positionner en partenaire des médecins traitants qui peuvent proposer le service à leurs patients. De notre côté, nous avons gagné en compétences et sommes plus efficaces. Les nouvelles recrues dans les centres sophia sont plus rapidement formées. Il y a eu du chemin parcouru !
Dans un monde idéal, il faudrait que les adhérents aient suffisamment d’informations et soient armés pour ne plus avoir besoin de nous. Par ailleurs, ce que l’on retient de toutes ces années, ce sont de belles rencontres par téléphone et parfois des échanges forts. »
Avez-vous également remarqué une évolution dans l’engagement des adhérents ?
« Les adhérents sont plus réceptifs à nos messages qu’avant, les rendant davantage acteurs dans la gestion de leur maladie. Lors d’appels d’accompagnement, les thématiques les plus demandées sont principalement l’équilibre du diabète, l’arrêt du tabac, l’activité physique, l’observance et les soins de podologie. En revanche, nous remarquons par exemple que les thématiques du fond d’oeil ou de l’hémoglobine glyquée sont beaucoup moins choisies. Cela s’explique probablement par les journaux Sophia & vous qui délivrent suffisamment d’informations notamment des rappels quant aux examens recommandés par la HAS, permettant ainsi aux adhérents d’être autonomes.
C’est vraiment agréable de voir que certains, à l’occasion de bilan lors d’appels valorisent notre travail et évoquent sophia comme une ressource très efficace. Lorsqu’une personne a réussi à équilibrer son diabète grâce à nos échanges et vit mieux avec, alors c’est la plus belle des récompenses pour nous ! Ce que nous aimons dans notre métier c’est qu’il soit d’utilité publique, et qu’il s’adapte aux évolutions de l’accompagnement et de la prévention en santé. »
Depuis quand bénéficiez-vous du service sophia ? En êtes-vous satisfait ?
« J’ai adhéré à sophia dès que mon diabète a été diagnostiqué, et je ne le regrette
pas ! Très rapidement, j’ai pu recevoir de l’information sur cette maladie - qui m’était au départ inconnue - grâce à l’envoi de plusieurs brochures explicatives. J’ai pu également être renseigné sur les différents traitements et examens de suivi.
Je trouve que ce service est une véritable plus-value dans l’apprentissage de la maladie. Tout d’abord, avec le suivi téléphonique où les infirmier(ère)s-conseiller(ère)s appellent régulièrement pour faire le point sur l’état de santé (la glycémie par exemple) et les résultats des derniers examens réalisés. Ils sont aussi présents pour me rappeler les prochains examens recommandés (rendez-vous chez l’ophtalmologue, le podologue…). De même, ces appels téléphoniques permettent d’approfondir certains sujets : il m’arrive parfois, lors d’un rendez-vous chez mon médecin traitant, d’oublier de lui poser une question. Alors, le service sophia peut intervenir en complément de cette consultation, ce qui me rassure. Grâce à cela, je me sens suivi de près.
Parallèlement, les journaux sont une source importante d’information, et j’apprécie beaucoup les témoignages qui sont mis en avant. »
Vous sentez-vous plus « acteur » de votre santé depuis votre adhésion ?
« Oui, car j’ai développé des connaissances sur le diabète. Au début, j’avais des
« idées reçues » et je ne comprenais pas pourquoi j’avais du diabète alors que je n’avais jamais fait d’excès (une alimentation saine, la pratique du cyclisme en compétition, pas de consommation de tabac…). Je me suis posé plein de questions et sophia a su y répondre. Désormais, je me sens plus confiant dans la gestion de ma maladie au quotidien, notamment grâce aux témoignages des autres adhérents : je m’aperçois que je ne suis pas seul face à certaines situations, que d’autres vivent la même chose et cela est réconfortant. Par ailleurs, j’ai maintenu une façon « saine » de vivre. Je ne pratique plus le sport en compétition, mais j’encadre encore des sorties à vélo avec des enfants de mon village, et je jardine beaucoup aussi… Bien sûr, je suis assidu sur la réalisation de mes examens de santé. En fait, sophia nous accompagne et nous donne les clés pour réussir à gérer notre maladie chaque jour. »
Qu’est-ce qui vous a donné l’envie de témoigner cette fois-ci et la fois précédente ?
« Lorsqu’on est atteint de diabète, on est curieux de savoir ce qui se passe pour ceux qui sont dans le même cas que nous. Il est important de se renseigner et de bien connaître sa maladie : cela passe aussi par les expériences des autres. J’apprécie beaucoup les témoignages publiés dans le journal car ils sont enrichissants, et proviennent de personnes aux profils différents. Chacun vit son expérience, mais je trouve intéressant de retrouver des similarités parmi chaque histoire. C’est pour ces raisons que j’ai eu l’envie de partager mon vécu personnel, mais aussi quelque part pour rendre « la pareille » au service sophia, leur exprimer ma gratitude. Quand on prend soin de nous, on a envie de dire : merci !
Pour conclure, je dirais que sophia est un service complet entre l’accompagnement téléphonique, et l’envoi des brochures et journaux. »