Le tabac
19 mars 2025
- Quel que soit son mode de consommation, le tabac présente un risque pour la santé.
- Le risque de développer une maladie est lié au nombre de cigarettes fumées chaque jour, mais surtout à la durée pendant laquelle on a fumé.
- Les bénéfices de l’arrêt du tabac se font sentir dès les premiers jours ! Vous retrouvez le goût et l’odorat, vous respirez mieux et votre niveau d’énergie augmente.
- Si vous arrêtez de fumer à partir de 40 ans, votre espérance de vie augmente de 7 ans, à partir de 50 ans, elle augmente de 4 ans et à partir de 60 ans, elle augmente de 3 ans. Il n'est jamais trop tard !
Le tabagisme favorise certaines maladies cardiovasculaires et respiratoires et a des impacts non négligeables sur la qualité de vie. La nicotine présente dans les cigarettes crée par ailleurs une dépendance. Quel que soit son mode de consommation, le tabac présente un risque pour la santé. Le risque de développer une maladie est lié au nombre de cigarettes fumées chaque jour, mais surtout à la durée pendant laquelle on a fumé. C’est pourquoi il est important d’arrêter de fumer le plus tôt possible !
Le tabagisme est responsable de 75 000 décès par an. Il a un impact sur les systèmes cardiovasculaires et métaboliques : il majore les complications des atteintes artérielles et contribue ainsi à la survenue de nombreuses maladies telles que l'angine de poitrine (syndrome coronarien), l'infarctus du , les accidents vasculaires cérébraux, l' des jambes, ou encore l'hypertension artérielle. Fumer diminue également les capacités respiratoires et cardiaques à l'effort car le corps est moins bien oxygéné.
La consommation de tabac a aussi un impact sur l’alimentation. Les personnes fumeuses ne s’alimentent pas de la même manière car elles subissent des pertes de goût, qui les incitent à manger des aliments plus « agréables » (c’est-à-dire plus gras ou plus sucrés). L’équilibre alimentaire s’en trouve alors altéré. Il est donc nécessaire d’être accompagné et orienté vers une alimentation équilibrée en parallèle de l’arrêt de la cigarette.
Fumer diminue vos capacités respiratoires et cardiaques à l’effort. Quel que soit votre âge, lorsque vous arrêtez de fumer, les bénéfices interviennent presque immédiatement et durablement. Après un an sans tabac, le risque d'infarctus du diminue de moitié. Le risque d'accident vasculaire cérébral devient similaire à celui d'une personne non fumeuse, et le risque de cancer du poumon diminue aussi.
Faire le point sur votre consommation et votre dépendance
Pour lutter contre le tabagisme, commencez par évaluer votre rapport au tabac en réalisant un bilan de votre consommation en tenant compte de vos habitudes de vie (alimentation, activité physique), Cela vous permettra de mieux identifier vos motivations à l’arrêt du tabac.
Pour faire le point sur votre consommation, demandez-vous quel type de tabac vous consommez et en quelle quantité ? Depuis combien de temps fumez-vous ? Qu’en est-il de votre hygiène de vie ? Avez-vous une alimentation équilibrée, faites-vous de l’exercice physique, consommez-vous de l’alcool ?
Le tabac est responsable d’une dépendance importante due à la présence de nicotine. Pour savoir si vous êtes dépendant(e) à la nicotine, il faut évaluer votre niveau par rapport aux principaux signes de dépendance : la dépendance physique se traduit par un besoin du corps de fumer, psychologique se manifeste face à des situations de stress, d’anxiété, et enfin la dépendance comportementale est très liée aux habitudes de vie et correspond à un rituel quotidien.
Si vous avez déjà rechuté après un ou plusieurs arrêts, que vous ne pouvez pas vous empêcher de fumer alors que vous êtes malade, ou bien que vous craignez souvent d'être à court de tabac, alors vous êtes considéré(e) comme quelqu’un de dépendant au tabac.
Pourquoi arrêter le tabac ?
Dès que vous arrêtez de fumer, vous vous sentez mieux : vous améliorez l’atmosphère de votre habitat, vous préservez votre entourage du tabagisme passif (particulièrement les enfants qui sont vulnérables) et surtout, vous améliorez votre santé : les bénéfices interviennent presque immédiatement et durablement.
Découvrez les premiers effets de l’arrêt du tabac
Arrêter de fumer augmente l'espérance de vie et diminue en particulier la mortalité liée aux maladies cardiovasculaires et au cancer broncho-pulmonaire. Quel que soit votre âge au moment de l’arrêt, les bénéfices apparaissent : le risque d'infarctus du diminue de moitié et le risque d'accident vasculaire cérébral rejoint celui d'un non-fumeur, après un an sans tabac. Arrêter de fumer à 40 ans augmente l’espérance de vie de 7 ans, arrêter à 50 ans améliore l’espérance de vie de 4 ans et arrêter à 60 ans améliore l’espérance de vie de 3 ans.
Les bonnes raisons d’arrêter de fumer
Vous souhaitez arrêter de fumer
Si vous souhaitez arrêter de fumer ou maintenir vos efforts dans l’arrêt du tabac, le service Tabac info service de l’Assurance Maladie peut vous soutenir et vous accompagner dans cette démarche. Il propose trois outils d'aide à l'arrêt :
- Le 39 89, numéro non surtaxé d’aide à distance, met en relation les fumeurs avec des tabacologues afin de bénéficier d’un suivi personnalisé et gratuit. Ce numéro est également accessible aux personnes sourdes ou malentendantes via la plateforme Acceo.
- Le site internet tabac-info-service.fr propose de nombreux contenus d’aide et outils d’accompagnement.
- L’application d’e-coaching Tabac info service, conçue par l’Assurance Maladie en partenariat avec Santé publique France, propose un programme complet et personnalisé pour optimiser les chances d’arrêt définitif du tabac. Accessible gratuitement depuis le Play store et l’Apple store, elle s’appuie sur des activités adaptées à chacun et propose des messages de prévention et de sensibilisation, via des notifications et des emails.
- Le service sophia propose un programme dédié à l’accompagnement au tabagique. Vous trouverez les informations dans la rubrique Le service Sophia accompagne les malades atteints de diabète, IC, MRC, SCC et BPCO.
Depuis le début de l’année 2024, 100 700 utilisateurs ont téléchargé l’application et 49% déclarent avoir arrêté de fumer.
>> Testez votre dépendance physique sur Tabac info service
Retrouvez les témoignages des patients accompagnés par le service Sophia sous la rubrique Les adhérents de sophia témoignent.
Le professeur Vincent Durlach, diabétologue et tabacologue au CHU de Reims, intervenu lors de la Semaine Nationale de Prévention du diabète, revient sur les effets néfastes causés par le tabagisme et les complications liées au diabète. Il délivre notamment ses messages de prévention.
Quel est le lien entre le tabac et le diabète ? Fumer augmente-t-il le risque d’avoir du diabète ?
« Il apparaît que le tabagisme est diabétogène, c’est-à-dire que fumer favorise l’augmentation de la glycémie. Pour les personnes prédisposées au diabète, le risque d’en développer un est plus grand. Cette information étant peu connue, il est important de rappeler la nécessité de faire de la prévention auprès des patients et professionnels de santé. Les études épidémiologiques ont montré que le risque relatif de développer un diabète de type 2, augmente de 37 à 44 % chez les fumeurs, par rapport aux
non-fumeurs. Il est favorisé par l’augmentation de la résistance à l’, dit
« l’insulinorésistance », dû à la consommation de tabac. Il s’agit d’anomalies de sensibilité à l’, liées en partie à la nicotine, mais aussi à des modifications hormonales induites par cette dernière, notamment une accumulation de la graisse viscérale. Les fumeurs bien qu’ayant un poids plus bas que les non-fumeurs, ont une répartition différente de leurs tissus adipeux, qui se situent davantage au niveau du ventre, et qui accroît l’insulinorésistance. L'hypoxie (un niveau d’oxygène plus faible),
à laquelle les fumeurs sont exposés, peut aussi expliquer l’inefficacité de l’. »
Quels sont les effets néfastes du tabac sur une personne fumeuse et souffrant de diabète ?
« Ce qui est important à retenir, c’est qu’en réalité, le premier facteur de mortalité des personnes diabétiques, c’est le tabac. Ce n’est pas un scoop ! Fumer n’est pas bon pour la santé (75 000 décès évitables par an). Le tabagisme a un impact sur les systèmes cardiovasculaires et métaboliques. Indépendamment du diabète, c’est un facteur de morbi-mortalité cardiovasculaire connu. Le diabète favorise non seulement le risque de développer des maladies cardiovasculaires, mais aussi le risque d’en décéder (prioritairement par un infarctus du )... Le tabagisme majore les complications macroangiopathiques (c’est-à-dire les risques d’infarctus, d’AVC,…), mais également la microangiopathie (néphropathie chez le diabétique de type 2 et rétinopathie chez le diabétique de type 1). Il a également une incidence sur l’équilibre du diabète, car il provoque une instabilité glycémique (les personnes insulinodépendantes ont plus de fluctuations glycémiques, et présentent plus d’hypoglycémies). »
Le tabac a-t-il des effets sur l’alimentation ? Le cholestérol ?
« Les personnes fumeuses ne s’alimentent pas de la même manière : avec la consommation de tabac, elles subissent des pertes de saveur, ce qui les incite à manger des aliments plus agréables (plus gras, sucrés). Cela peut avoir une incidence sur l’équilibre du diabète. Toutefois, ceux qui arrêtent de fumer ont plutôt tendance à prendre du poids, en perdant l’effet anorexigène de la cigarette. Il faut donc être vigilant ! 70% des fumeurs qui stoppent le tabac, prennent en moyenne 4 à 5 kilos dans les six mois qui suivent l’arrêt du tabac (15% ne prennent pas de poids, voire en perdent).
Ce paradoxe est un sujet préoccupant chez les patients atteints de diabète, où la priorité est principalement d’arrêter de fumer, tout en sachant que la prise de poids à suivre est fréquente. Il est primordial d’accompagner et de bien orienter les patients vers une alimentation équilibrée. »
Et sur l’état psychologique / la santé mentale ?
« Les fumeurs ayant un diabète ou non sont généralement plus anxieux, stressés, déprimés. Le lien complexe entre tabac et souffrance psychique est établi.
Les consommateurs sont persuadés qu’il s’agit d’un anti-stress, mais c’est un leurre !
Le soulagement du stress et de l’anxiété est très transitoire. En revanche, la cigarette peut être un facteur social, de convivialité, ou « de détente ». L’espérance de vie est réduite jusqu’à 20 ans chez un patient qui fume et qui consomme des , pouvant notamment favoriser le diabète. »
Existe-t-il une différence entre les hommes et les femmes en termes de fragilité, par rapport au tabagisme ? Et à la prédisposition au diabète ?
« Épidémiologiquement, et d’une façon générale, les femmes ont une sensibilité accrue aux facteurs de risques liés au diabète, et l’augmentation du tabagisme féminin ces dernières années est préoccupante. Les femmes fumeuses et souffrant de diabète, courent un risque de développer un diabète gestationnel, pouvant entraîner de nombreuses complications lors de la grossesse, et présentent un risque accru d’infarctus du . »
Quels conseils ou méthodes donneriez-vous pour arrêter le tabac ? Faut-il s’orienter vers un tabacologue ou bien un diabétologue ?
« Il n’y a pas de méthodes spécifiques concernant les personnes atteintes de diabète, et il convient d’appliquer les principes généraux de l’aide au tabagique (que nous développons dans notre publication récente) 1, avec, cependant, une attention particulière sur la prise de poids et la gestion du stress et de l’anxiété. Pour ce qui est d’atténuer les symptômes d’anxiété voire de dépression, il est possible de travailler avec des professionnels tels que des psychologues, ou tenter d’autres procédés pour réduire son anxiété. Les consultations doivent se faire dans un climat empathique, tout en délivrant des messages fermes ! Dans la hiérarchie, le premier interlocuteur reste le médecin généraliste, qui peut ensuite orienter ses patients vers des professionnels concernés. Il est indispensable d’aider les professionnels de santé à aborder au mieux le tabagique dans leurs pratiques quotidiennes. Notre souhait, avec la Fédération Française des Diabétiques, la Société Francophone du Diabète, et la Société Francophone de Tabacologie, est qu'il y ait dans les équipes de soin pluridisciplinaires, quelqu’un de formé, un correspondant tabacologue ou bien un contact avec une structure de prise en charge dédiée. »