Utilisation du médicament Androcur et de ses génériques : baisse notable du risque de méningiome

Les mesures mises en place en 2018 pour lutter contre le risque de tumeur lié à la prise de médicaments composés d’acétate de cyprotérone (Androcure et ses génériques) ont eu des effets bénéfiques. C’est ce que montre une récente étude (1) menée par le Groupement d’intérêt scientifique Epi-Phare, formé par l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) et la Caisse nationale de l’Assurance Maladie (Cnam).

Acétate de cyprotérone : quelle utilisation et quel risque ?

L’acétate de cyprotérone agit en s’opposant à l’action des hormones androgènes, essentiellement la . Chez la femme, les comprimés d’Androcur et génériques sont utilisés pour traiter les troubles de la pilosité (hirsutisme). Chez les hommes, ils sont préconisés dans certaines formes de cancer de la prostate.

Le risque de méningiome associé à l'utilisation de cyprotérone est connu et mentionné dans la notice du médicament depuis 2011.
Le méningiome est une tumeur, le plus souvent bénigne, qui se développe à partir des membranes enveloppant le cerveau et la moelle épinière (les méninges).

Pour préciser la relation entre la prise du médicament, notamment la dose et la durée du traitement, et l’apparition de méningiome, essentiellement chez les femmes, une étude (2) a été menée pendant 7 ans par l’Assurance Maladie en coopération avec l’hôpital Lariboisière (Paris) sur 250 000 femmes exposées au cyprotérone.

En 2018, les résultats ont permis de démontrer que la prise de ce médicament à forte dose (supérieure ou égale à 25 mg/jour) sur une longue période (plus de 6 mois) multiplie par 7 le risque de méningiome et par 20 après 5 années de traitement.

Les mesures mises en œuvre pour réduire le risque de méningiome lié à Androcur

Compte tenu des résultats de cette étude, l’ANSM et l’Assurance Maladie ont mis en place de nombreuses actions pour sensibiliser les médecins prescripteurs et les patients au risque de méningiome associé à l’utilisation d’acétate de cyprotérone :

  • près de 120 000 courriers d’information renouvelés régulièrement ;
  • rappel auprès des professionnels de santé des indications autorisées afin de limiter l’utilisation d’acétate de cyprotérone ;
  • recommandation de dépistage du méningiome par imagerie cérébrale avant et tout au long du traitement ;
  • mise en place d’une « attestation annuelle d’information », à cosigner chaque année par le patient traité par Androcur et son médecin.

La récente étude d’Epi-Phare est la première à mesurer les effets de ces mesures et à démontrer le changement profond des pratiques dans le recours à Androcur et à ses génériques entre 2028 et fin 2021.

La réduction du risque de méningiome grâce à de nouvelles pratiques

Baisse de l’utilisation d’acétate de cyprotérone

Entre août 2018 et décembre 2021, l’utilisation d’acétate de cyprotérone à fortes doses chez toutes les personnes exposées et notamment chez les femmes a connu une forte diminution :

  • - 88 % chez les femmes ;
  • - 69 % chez les hommes ;
  • - 50 % chez les femmes transgenres.

Au total, en décembre 2021, 7 900 personnes ont utilisé l’acétate de cyprotérone à forte dose contre 55 000 en août 2018.

Meilleur suivi par imagerie

L’étude montre également une nette amélioration du suivi des patients par imagerie puisque le dépistage par IRM cérébral a significativement progressé.

En 2021, plus de 50 % des personnes traités par Androcur et génériques ont réalisé cet examen (70 % des femmes et 50 % des hommes) contre moins de 10 % en 2018.

Diminution des opérations chirurgicales

L’étude révèle enfin une très forte diminution du nombre d’opérations pour ablation de méningiomes en lien avec Androcur et ses génériques (- 93 %), notamment chez les femmes puisque 7 ont subi une opération en 2021 contre 95 en 2017.

À noter : la taille des méningiomes associés à l’acétate de cyprotérone diminuant ou se stabilisant à l’arrêt du traitement, leur ablation systématique par une intervention chirurgicale lourde et à risque n’est pas la procédure à privilégier par le médecin.

(1) Use of high dose cyproterone acetate and risk of intracranial meningioma in women: cohort study. BMJ 2021;372:n37.
(2) Cette étude est disponible sur l’espace « Statistiques et publications » du site ameli.

 

Informations pour les patients traités par acétate de cyprotérone

  • Dans les indications non autorisées telles que l’acné, la séborrhée et l’hirsutisme modéré, le recours à Androcur et ses génériques est à proscrire.
  • L’utilisation de l’acétate de cyprotérone chez l’enfant et la femme ménopausée n’est pas recommandée.
  • La prescription (dose et durée du traitement) doit être réévaluée annuellement par son médecin en fonction de l’évolution des symptômes.
  • C’est la posologie minimale efficace pour contrôler les symptômes qui doit être utilisée.
  • Les utilisations prolongées (plus de 6 mois) et à fortes doses (supérieures ou égales à 25 mg/jour) sont proscrites.
  • Une IRM (imagerie par résonance magnétique) cérébrale doit être prescrite et réalisée à chaque début de traitement, renouvelée à 5 ans en cas de poursuite du traitement puis effectuée tous les 2 ans.

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